RYTHÂ KESSELRING
Photo : Ryth Kesselring





Ryth Kesselring réalise des interventions en plein air qui prennent la forme de vastes tissages tendus entre les arbres de boisés urbains ou de zones forestières. Conjuguées à des captations sonores du paysage dans lequel elles sont implantées, les installations aux lignes géométriques mettent en lumière les réseaux complexes qui cohabitent au sein des espaces naturels et urbanisés. S’intéressant aux mémoires, aux traces et aux perceptions du temps et de l’espace, l’artiste propose une réflexion méditative sur le territoire en faisant usage de techniques de production lente qui impliquent son corps entier. Ses œuvres soulignent les spécificités culturelles et environnementales des espaces habités et des espaces verts tout en portant une attention particulière à l’état des écosystèmes naturels et numériques à l’ère de l’anthropocène.

Chimères urbaines, utopies naturelles

Tissée entre les arbres du carré Isidore-Hurteau, l’installation monumentale de Ryth Kesselring est réalisée à partir de peinture à la chaux, d’argile et de fils de lin délicatement entrelacés autour de troncs qui jalonnent le parc. Accompagnant le tissage, une ambiance sonore composée par l’artiste allie des enregistrements faits sur place et des sons abstraits. Les composantes textiles et sonores de l’œuvre contribuent à déformer le paysage qui, traversé de géométries ondoyantes et de brouillements audio, se reconfigure constamment selon les points de vue et les perspectives d’écoute. Il en résulte une rencontre unique entre la matérialité et l’expérience auditive, où le son, la matière et le lieu entrent en résonance. Entre chimère et utopie, l’installation met en contraste les effets de l’activité humaine sur le territoire – qui en déterminent souvent l’aspect – et l’équilibre fragile des écosystèmes naturels.

Posant un regard critique sur les pratiques d’extraction des ressources naturelles et humaines, l’artiste articule une réflexion sur les politiques invasives de gestion du territoire, qui dénaturent les écosystèmes et affectent les cultures, autochtones en particulier, ainsi que sur le rapport au « faire » et au travail dans le contexte de l’anthropocène. Le temps et l’énergie requis pour produire l’immense tissage évoquent des modes de fabrication où le corps devient une ressource en soi, extraite selon des procédés semblables à ceux employés dans la gestion des ressources végétales et minérales. D’un autre côté, l’œuvre évoque les réseaux de télécommunications et racinaires qui contribuent à nourrir le tissu social et végétal dans notre époque marquée par le numérique et la crise écologique. Elle reproduit les liens filamenteux du mycélium, ou encore les ondes qui permettent la transmission de voix et d’images. Comme un écho encapsulé du paysage, le rythme engendré par la symbiose des éléments visuels et sonores rappelle les vibrations émises par le vivant au sein du carré Isidore-Hurteau.



Ryth Kesselring creates outdoor interventions in the form of large weavings stretched between trees in urban groves and forested areas. Combined with sound recordings of the landscapes in which they are installed, her works and their geometric lines highlight the complex networks that coexist within natural and urban spaces. Interested in memory, traces and perceptions of time and space, the artist offers a meditation on territory through slow production techniques that engage her entire body. Her installations underscore the cultural and environmental particularities of inhabited and green spaces while paying close attention to the condition of natural and digital ecosystems in the Anthropocene.

Urban Chimeras, Natural Utopias

Woven among the trees of Isidore-Hurteau Square, Ryth Kesselring’s monumental installation is made from limewash paint, clay and linen threads delicately intertwined around the park’s tree trunks. Accompanying the weaving, a soundscape composed by the artist blends field recordings with abstract sounds. The textile and sonic elements of the work distort the landscape, which, traversed by undulating geometries and layered audio, constantly reconfigures according to viewpoints and listening perspectives. The result is a unique encounter between materiality and auditory experience, where sound, matter and place resonate together. Between chimera and utopia, the installation contrasts the effects of human activity on the land—which often determine its appearance—with the fragile balance of natural ecosystems.

Critically examining the extraction of natural and human resources, the artist reflects on invasive land management policies that disrupt ecosystems and affect cultures, particularly Indigenous ones, as well as on practices of “making” and labour in the Anthropocene. The time and energy required to produce the immense weaving reflect modes of production in which the body itself becomes a resource, extracted similarly to methods used in managing plant and mineral resources. At the same time, the work evokes the telecommunication and root networks that sustain social and plant fabric in our digital and ecologically fragile era. It mirrors the filamentous connections of mycelium, as well as the waves that transmit voices and images. Like an encapsulated echo of the landscape, the rhythm generated by the symbiosis of visual and auditory elements recalls the vibrations of living systems within Isidore-Hurteau Square.


Née en Suisse, Ryth Kesselring vit à Sainte-Christine, en Montérégie. Elle est titulaire d’un baccalauréat et d’une maîtrise en beaux-arts avec majeure en fibres et pratiques matérielles de l’Université Concordia. Ses œuvres ont été présentées dans plusieurs expositions, dont les plus récentes à la galerie Diagonale (Montréal), au Centre d’exposition Yvonne L. Bombardier (Valcourt), à La Guilde (Montréal), chez Adélard (Frelighsburg), au Festival Art Souterrain (Montréal) et au Musée du Bas-Saint-Laurent (Rivière-du-Loup). Elle participe à des résidences artistiques, notamment dans le cadre de FORÊT – La biennale du Témiscamingue, de la Jorisch Family Artist Residency en Autriche et de la Biennale de sculpture de Saint-Jean-Port-Joli.



Ryth Kesselring was born in Switzerland and now lives in Sainte-Christine, in Quebec’s Montérégie region. She holds a Bachelor and a Master of Fine Arts with a major in Fibres and Material Practices from Concordia University. Her work has been presented in numerous exhibitions, most recently at Diagonale (Montréal), the Yvonne L. Bombardier Exhibition Centre (Valcourt), La Guilde (Montréal), Adélard (Frelighsburg), the Festival Art Souterrain (Montréal) and the Musée du Bas-Saint-Laurent (Rivière-du-Loup). She has participated in several artist residencies, including FORÊT – La biennale du Témiscamingue, the Jorisch Family Artist Residency in Austria and the Biennale de Sculpture de Saint-Jean-Port-Joli.



CRÉATION SUR PLACE
5 SEPT. – 12 SEPT.

INSTALLATION
12 SEPT. – 19 OCT.

CARRÉ ISIDORE-HURTEAU
+ CENTRE CULTUREL JACQUES-FERRON
100 RUE SAINT-LAURENT O.



ACCÉDER À L’AMBIANCE SONORE
DES CASQUES D’ÉCOUTE ET DES LECTEURS AUDIOS PORTATIFS SONT DISPONIBLES GRATUITEMENT À LA BIBLIOTHÈQUE JACQUES-FERRON, PENDANT LES HEURES D’OUVERTURE.


À DECOUVRIR SUR PLACE
INSTALLATION POÉTIQUE DANS L’ESPACE URBAIN DE CHRISTINE SIOUI WAWANOLOATH
(CROISEMENT RUE SAINT-LAURENT O ET RUE SAINT-ALEXANDRE)


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